On m’a offert il y a quelques semaines le dernier (ou un des derniers tant il est prolifique !) livre de Frédéric Lenoir : Philosopher et méditer avec les enfants. J’avoue que j’avais vu le livre en librairie mais ayant pas mal de lectures en retard, j’avais résisté à la tentation de l’acheter. Le destin en a donc décidé autrement et c’est heureux ! J’avais un a priori positif sur l’homme qu’est Frédéric Lenoir, ayant lu d’autres ouvrages que j’avais trouvé éminemment positifs, enthousiastes. Pour certains critiques, il verse dans la philosophie de comptoir. Pour moi, il est bon parfois de rappeler quelques idées de bon sens, surtout quand celles ci sont positives et bienveillantes.
En parallèle, j’ai toujours entretenu une relation amour / haine avec la philo. Amour de la réflexion que permet la philosophie, qui nous ouvre, je trouve, vers l’introspection et développe notre capacité à questionner le monde (ce qui est indispensable dans notre société moderne bourrée de fake news, faits alternatifs et autres propagandes de lobbies). Et haine de la manière dont notre système éducatif traite la philo. Pas assez de temps consacré au fil des années à ce sujet, essentiellement du bachotage pour avoir une note correcte au bac… Bref, on ne fait pas vraiment de philosophie en France, notamment quand on ne fait pas L…
Enfin, j’en venais peu à peu à constater que ma fille de 4 ans commençait à avoir des remarques “métaphysiques” intéressantes, et que lui poser des questions sur ce que c’était par exemple pour elle le bonheur laissait entrevoir le fabuleux potentiel de réflexion des jeunes enfants et surtout que ce potentiel peut être stimulé, non pas pour faire de l’enfant une “bête à concours” mais pour répondre à sa soif de compréhension.
J’ai donc lu assez rapidement ce livre que j’ai trouvé plutôt intéressant, même si je garde un sentiment un peu ambivalent une fois la dernière page tournée. En effet, en tant que papa, on se sent hyper motivé pour essayer de pratiquer ces “dialogues socratiques” avec ses petits, ne serait-ce que parce qu’à la lecture des compte-rendus d’ateliers effectués dans les classes, on trouve toujours de véritables pépites qui laissent penser que c’est notre monde d’adulte qui vient corrompre les esprits de nos enfants… Inversement, on sort un peu frustré, car autant les exemples qui sont proposés sont très intéressants, et la méthode de pratique de la méditation est plutôt claire, autant la méthodologie d’animation d’ateliers philosophiques n’est pas vraiment détaillée. Alors certes, je pense qu’il faudrait plus qu’un petit ouvrage comme celui-ci pour traiter en détail de cette méthodologie. Néanmoins, sur la 4ème de couverture, on peut lire que ce livre propose une méthode et des outils concrets pour “tous ceux qui […] souhaitent accompagner les enfants dans cette pratique”. Or, je dirais qu’on trouve dans l’ouvrage plutôt une introduction à la méthode, et des exemples bien retranscrits, qui permettent de comprendre le fonctionnement des ateliers et leur impact positif sur les enfants et la classe.
Ne boudons pas notre plaisir, néanmoins. Car ce livre démontre pour moi plusieurs points clés :
- D’abord que les enfants sont passionnants, et que dans un cadre bienveillant et respectueux, on peut vraiment permettre à chacun d’exprimer un vrai potentiel de réflexion sur des questions qui nous concernent tous
- Ensuite qu’il n’y a pas besoin d’attendre l’adolescence pour permettre aux enfants de réfléchir. Au contraire : en leur permettant de le faire dès la prime enfance, on les aidera très certainement à faire face plus sereinement à tous les jalons de leur vie
- Enfin, et c’est je pense l’élément le plus fondamental, de tels ateliers entrainent les enfants à débattre / discuter avec courtoisie et respect, mais aussi à faire évoluer leur propre pensée grâce au dialogue avec l’autre. Or, ce point est un enjeu fondamental pour le futur de notre monde. En effet, j’ai le sentiment d’avoir été élevé en mode “compétition” par l’école. On réussit seul. On fait ses contrôles seuls. On a une note individuelle. Et tout ce qui est collectif est en général facultatif ou “sans importance”. Ce conditionnement n’est pas sans impact sur nos comportements d’adultes, et l’image de notre société est le reflet de ce conditionnement. Avec de tels ateliers, l’enfant peut se rendre compte qu’on peut changer d’opinion, être convaincu par un autre point de vue, sans avoir le sentiment qu’on a perdu quelque chose. Débattre n’est pas combattre, ce que nos politiques ont depuis longtemps oublié. Débattre, c’est progresser ensemble sur un chemin de vérité. Et je suis convaincu qu’initier nos enfants au plus tôt à cette idée ne pourra avoir que des conséquences positives sur la société qu’ils bâtiront après nous !
Et vous, avez-vous lu ce livre ? Qu’en avez vous pensé ?
PS : pour ceux qui veulent de plus amples informations sur le projet, je vous invite à découvrir la fondation SEVE – Savoir Etre et Vivre Ensemble, dont le nom démontre que la finalité de ses ateliers, comme évoqué en dernier point de ce billet, est bien de repenser l’éducation de nos enfants pour qu’ils construisent un monde meilleur !
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