Ah Noël ! Une période sans équivalent dans l’année, pour les parents comme pour les enfants. Pour le meilleur et pour le pire, d’ailleurs. En tant que jeune papa, je me suis rendu compte que cette fête ne peut pas nous laisser indifférents. Il n’y a qu’à voir comme les réseaux sociaux et forums sur la parentalité s’écharpent discutent de la question du “pour ou contre le fait de faire croire au Père Noël à ses enfants ?”. Au cœur de ce sujet, le débat autour de la “bienveillance” qui consisterait (ou pas !) à ne pas mentir à ses enfants sur ce sujet. A titre personnel, je ne me positionnerai pas sur ce débat, car je pense que les 2 postures peuvent être à l’antithèse de la bienveillance :
- est-ce de l’éducation positive que d’immerger son enfant dans notre “réalité d’adulte” pour ne pas lui mentir ? (tu vois mon petit Obiwan, le père Noël n’existe pas. C’est une invention de Coca pour nous vendre son eau sucrée qui rend obèse la moitié de tes petits camarades sur la planète. Allez,viens choisir sur Amazon le cadeau que tata Martine veut t’offrir. Ça m’embêterait de devoir le revendre le 25 sur ebay parce qu’on a pris un truc qui te plaisait pas)
- Inversement, on peut évidemment penser qu’il y a bien plus bienveillant que de pousser le mensonge très loin, en essayant de prouver à son enfant contre toute évidence que le père Noël n’existe pas (quoi mon petit Obiwan ? si le père Noël existe vraiment ? Ce sont encore tes copains du lycée qui t’ont raconté n’importe quoi ! A qui fais tu le plus confiance ? Tes amis ou tes parents ? Allez, viens, je t’ai préparé un chocolat chaud pour ton goûter !)
Évidemment, ces postures sont caricaturales, mais je suis assez abasourdi, au fond, de voir le manque de tolérance qu’il peut y avoir dans les débats sur ce sujet, et je conçois mal qu’on puisse prôner l’éducation positive et bienveillante sans l’appliquer soi même dans ce type de débats entre parents…
Je n’entrerai donc pas dans ce débat parce qu’il ne m’intéresse pas, donc, mais surtout parce que depuis que je suis devenu papa, je me rends compte que le plus important pour moi, c’est le sens donné à Noël, et les valeurs que je souhaite partager avec mes enfants. Parce que Noël est une fête à part dans nos vies, une fête dont on a des souvenirs forts (bons ou mauvais d’ailleurs) et qui ne laisse personne indifférent, il est important de réfléchir à ce qu’on veut en transmettre à ses enfants.
Noël, une fête de sensations
Je passais tout à l’heure dans une rue d’Orléans, au milieu du marché de Noël. Et là, une odeur réveille mes neurones de papa congelé : celle des sapins, étalés sur la place, attendant sagement de pouvoir trôner mal fagoté en habits de lumière au coeur d’un salon. Cette odeur a eu le même effet sur moi que sa madeleine pour Proust : ce sont des dizaines de sensations qui ont émergé de ma mémoire profonde, et m’ont fait prendre conscience à quel point Noël, avant d’être une fête qui a du sens, est une fête pour les sens. De l’odeur du sapin, donc, aux musiques de circonstance. De la vue des illuminations au toucher des guirlandes. Du goût des biscuits (ou des chocolats de l’Avent) à toutes ces autres odeurs (de vin / jus chauds, de cannelle ou de feu de bois), Noël interpelle tous nos sens et, au fond, interpelle notre corps avant d’interpeller notre esprit. Et, au fond, quel plaisir que de ressentir une forme de lâcher prise de notre psychisme, dans une société qui dévalorise autant le corps ! Noël est une fête du corps : on mange différemment, on boit différemment, tous nos sens sont sollicités d’une manière différente, généralement positive. Et notre cerveau d’enfant est alors capable d’associer cette fête des sens à des moments de joie. C’est en tout cas le cas pour moi : sentir cette odeur de sapin m’a permis de me rappeler que ce corps que je néglige trop souvent a aussi son rôle à jouer dans mon bien être psychique, comme cette période de Noël me le rappelle.
Noël, une fête d’émotions
Mais Noël n’est pas qu’une fête des sens. C’est aussi une fête qui permet de laisser parler ses émotions. Qui, enfant, n’a jamais ressenti :
- L’impatience de la longue attente séparant le 1er décembre du 25, voire un jour de son lendemain pour pouvoir manger le chocolat du calendrier
- L’excitation de passer quelques jours avec les cousins qui habitent loin
- L’ennui des longs repas de midi successifs chez les oncles et tantes sans avoir le droit de quitter la table avant le dessert
- La joie profonde des rires partagés à préparer les dattes fourrées et les truffes maison devant une énième rediffusion du Père Noël est une ordure
- La folie devant les cadeaux au pied du sapin
- Etc.
Noël a toujours été pour moi un maelstrom d’émotions fortes, alors que j’étais plutôt un enfant qui les enfermait au quotidien pour paraître plus “adulte”. Quelle tristesse, au fond, que de considérer qu’être adulte, c’est ne pas laisser de place à ses émotions.
Comme pour les sensations, Noël offre la possibilité de laisser une juste place à nos émotions. Saisissons cette chance ! En tant que papa, je suis heureux de voir ma fille partager tous ces sentiments forts que j’ai moi même vécus à son âge. Et mon voeu le plus cher est que contrairement à moi, elle continue à leur laisser une place importante dans sa vie car les émotions sont le sel de la vie !
Le lien, au cœur de Noël
Après les sens, donc, le sens : s’il est difficile, enfant, de s’affranchir de l’équation Noël = cadeaux (et si possible pleins de cadeaux), je suis convaincu que pour eux, Noël est bien plus que ça. Ce sont nous, adultes, qui transformons cette fête en un grand gaspillage commercial, dont l’illustration la plus terrifiante est cette ruée vers la revente de tous ces cadeaux qui ont déplu, dès le 26 décembre… Enfant, j’ai toujours aimé les liens humains qui pouvaient se déployer pendant les fêtes : passer du temps avec ses grands parents, jouer avec ses cousins sans limite de temps (ou presque) le soir, déballer les cadeaux et se mettre immédiatement à y jouer avec ses frères et soeurs, aider mes parents en cuisine à préparer le repas de fête etc. Alors oui, le tableau n’est pas forcément toujours idyllique, entre disputes sur le menu et discussions politiques qui cassent l’ambiance autour de la table. Mais je garde au fond du coeur ce sentiment de joie profonde d’avoir pu vivre, pendant des années, des moments précieux avec les miens, qui ont contribué à forger mon identité et ma personnalité.
Alors au fond, quel Noël pour mes enfants ?
Pour paraphraser ce bon Forrest, je dirais que Noël c’est comme un boite de chocolat. On ne sait jamais effectivement sur quoi on va finalement tomber. Mais quel plaisir de recevoir la boite d’un proche, de voir l’écrin qui cache les gourmandises, de sentir les arômes monter en ouvrant la boite et ressentir ses papilles et son esprit vibrer au moment de porter le chocolat à sa bouche ! Peu importe au fond qu’on tombe sur celui à l’alcool pas très bon. Car la relative déception qui en résulte n’est rien à côté de l’expérience globale qu’on a pu vivre avec ce cadeau. Au fond, c’est ce que j’ai envie de transmettre à ma fille et à mon fils : ouvrez les yeux, émerveillez vous, riez, grognez d’impatience, pleurez et chantez. Mais surtout soyez vivants. Pleinement !
Passez tous de belles fêtes de Noël !
Arnaud
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