Il y a de grandes similitudes entre Robert Baratheon et Oberyn Martell dans Game of Thrones :
- Ce sont des légendes de Westeros, essentiellement pour leurs qualités de combattants
- Ils sont issus des plus grandes familles de Westeros, même si Oberyn, contrairement à Robert, n’est pas l’aîné de la fratrie et donc pas l’héritier de Dorne
- Ce sont des hommes libres, qui vivent comme bon leur semble, notamment dans leurs relations aux femmes (et aux hommes pour Oberyn dont la bisexualité est évoquée explicitement dans l’ouvrage de Game of Thrones)
Pourtant, à y regarder de plus près, Oberyn Martell est, à mes yeux, un personnage bien plus intéressant et instructif que Robert pour les papas que nous sommes. C’est déjà un homme cultivé qui a passé quelques années à la Citadelle et appris auprès des mestres. C’est aussi un homme qui a beaucoup voyagé et s’est ouvert aux autres cultures. Mais c’est surtout un personnage très instructif pour les 3 raisons suivantes :
- S’il est le père de nombreux bâtards (8 filles, les Aspics des sables), Oberyn n’en oublie pas moins qu’ils sont ses enfants, et essaie de leur inculquer l’idée qu’ils peuvent être ce qu’ils veulent être, et non l’image que les autres ont d’eux. Cela pose selon moi la question suivante : sommes nous des coachs pour nos enfants ?
- Il a le sens de la famille, et est prêt à mettre sa vie en jeu pour que justice soit rendue pour la mort de sa sœur, de sa nièce et de ses neveux. Ce qui pose la question du rapport à la famille que nous transmettons à nos enfants.
- Il a trouvé un équilibre dans sa relation de couple avec Ellaria Sand, tout en restant libre de mener sa vie comme il l’entend. Ce qui nous interroge sur l’articulation donner au couple quand on devient papa ?
Être père, est-ce devenir le coach de nos enfants ?
Oberyn Martell ne fait aucune distinction entre les enfants “légitimes” et les bâtards. Pour lui, les bâtards sont mêmes les enfants d’une réelle passion, ce qui est loin d’être le cas de la plupart des enfants légitimes de Westeros, souvent enfant du devoir familial. Et si Oberyn a suivi sa propre voie, faite de nombreuses aventures qui ont construit sa légende, il n’en a pour autant jamais négligé sa maitresse “officielle”, Ellaria, avec qui il a 4 filles, tout comme il n’a jamais négligé sa vaste progéniture. Il a notamment toujours fait en sorte que toutes ses filles “Sand” ne se perçoivent jamais comme des enfants illégitimes, et, au delà, ne se complaisent pas dans ce statut de “victime”. Au contraire : il les a poussées à voir grand, à être les personnes qu’elles souhaitaient être. Elles ne resteraient des bâtards, comme les autres le pensent, que si elles acceptent passivement cette vision. En ce sens, Oberyn est intervenu presque comme un coach pour ses enfants, de ceux qui vont aider l’autre à dépasser ses propres croyances limitantes, ses propres blocages, ses propres limites. Devenir père, c’est effectivement, à mes yeux, permettre à ses enfants de devenir autonome, de s’émanciper et d’être capables de mener leur vie librement. Et donc d’être capable, comme un coach, d’avoir le discernement nécessaire pour distinguer les forces et faiblesses spécifiques de chaque enfant pour l’aider sur son chemin de vie. Néanmoins, à la différence du coach, en tant que papa, il y a clairement une influence émotionnelle qui rentre en ligne de compte. C’est l’amour que nous portons à nos enfants qui est au cœur de nos comportements. Et si cet amour peut obscurcir parfois notre jugement, il permet aussi d’avoir une relation plus forte, plus dense avec nos enfants, ce qui manque peut être à Oberyn.
Nos enfants et la famille
Ah la famille… Parlez avec vos amis de leur famille, et la discussion commencera au mieux par un léger soupir, au pire par une expressions du type “chacun sa croix”. Et il est vrai que les relations de famille (je parle ici de la famille au sens large, dépassant le seul noyau parents-enfants) sont souvent empreintes d’un mélange d’amour / haine, fondé sur une longue histoire qui bien souvent dépassent chacun des membres de la famille. Ici, Oberyn a toujours eu une relation fusionnelle avec sa soeur, Elia, et a passé une bonne partie de sa vie à attendre la possibilité de venger son assassinat et celui de ses enfants par La Montagne, au service de Tywin Lannister. Cette vision de la famille a grandement influencé ses filles, qui n’auront de cesse que de tout faire pour venger la mort de leur père au nom du même sens du devoir familial qu’Oberyn Martell. Il est clair que la relation que nous avons avec notre famille a une influence profonde sur nos enfants. Qu’ils agissent en reproduisant nos comportements, ou au contraire en réaction, qu’ils comprennent ou non les tabous et non-dits existants dans la famille, il est clair que notre manière de gérer les liens familiaux est un point structurant de l’éducation reçue par nos enfants. Il est illusoire de penser pouvoir totalement penser, structurer et contrôler cette gestion familiale pour “être certain” de transmettre ce que l’on veut. Par contre, il est, je pense nécessaire, d’avoir conscience que la famille au sens large n’est pas sans impact sur nos enfants, et qu’il faut y réfléchir et en parler, avec son conjoint notamment, mais aussi avec les enfants pour qu’ils aient conscience de ce qui s’y joue.
Être papa dans le couple
Oberyn peut sembler être un sacré veinard : une vie d’aventurier bien remplie, une famille royale (et des moyens – et du pouvoir – qui vont avec), une relation de couple stable mais libre et non exclusive et un rôle de père qu’il gère “à la carte” quand il en a envie. Bref, une réalité familiale certainement bien peu courante en nos contrées, mais qui pose la question intéressante du nouvel équilibre de couple à trouver en devenant papa. On ne va pas se le cacher, l’arrivée d’un enfant bouleverse le couple. Certaines de nos certitudes mutuelles sont battues en brêche, nous découvrons de nouvelles parcelles de l’autre qui parfois nous déplaisent et, même quand elles nous plaisent, l’arrivée de l’enfant nous met dans une situation instable où nous avons l’impression d’un double apprentissage nécessaire : celui de la relation à l’enfant mais aussi celui d’une nouvelle vie de couple. Or, personne n’aime vraiment le changement… Surtout quand tout est à gérer en même temps, que l’on est fatigué et parfois un peu frustré par les premiers mois de vie à 3 ! Bref, être un bon papa, tout en restant un bon conjoint, ce n’est pas une mince affaire. Et c’est, je pense, un “travail” permanent, ou, en tout cas, un domaine où jamais rien n’est acquis. Mais je suis convaincu que les 3 piliers pour y arriver sont la confiance, la communication et le recul. La confiance car ça reste une clé du couple, d’autant plus cruciale que l’arrivée d’un bébé nous met face à des situations inconnues. Garder confiance dans l’autre, et attendre cette confiance réciproque permet de progresser en tant que mari et en tant que père. La communication, ensuite, pour éviter les mauvaises interprétations de comportements ou les non dits qui mettent parfois le feu au poudre pour des broutilles une fois bébé au centre du jeu. Le recul, enfin, qui doit nous permettre d’avoir le discernement nécessaire pour comprendre que les actions de notre conjoint ont toujours une raison, une logique, et qu’il ne pense pas forcément à mal, quand bien même les faits laissent penser le contraire. Non, l’arrivée de bébé ne transforme pas cet être charmant qu’était votre femme en un être machiavélique qui ne vous veut pas de bien ! Nous reparlerons en tout cas de ce sujet de la place du père dans le couple dans de nombreux autres posts.
Pour conclure, Oberyn Martell est un personnage flamboyant qui brûle sa vie comme une chandelle consumée par les 2 bouts. Il a su mettre de la passion dans sa vie, dans sa relation de couple et avec ses enfants. Et en ce sens, il est un “modèle” car dans notre société qui tend à tout normaliser, garder la flamme de la passion au cœur de nos liens humains est, à mon sens, une des clés du bonheur paternel.
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