Lettre à mes enfants

Devenir père est moins facile que ce que j’imaginais

Il y a tant de choses que j’aimerais faire différemment !

On s’imagine au départ être d’emblée le papa parfait

Mais au mur du réel on se heurte violemment

 

On pense au départ qu’il est si facile d’être meilleur

Que ses parents, que tous ces pères qu’on a rencontré

Mais la réalité s’impose à nous, et c’est avec stupeur

Qu’on constate à quel point on est soi même imparfait

 

Alors pardon.

 

Pardon de ne pas être le roc que je souhaitais devenir en tant que papa : je découvre qu’être père, c’est être plein de doutes malgré l’image qu’on donne souvent

Pardon de ne pas être assez là à la maison, et d’avoir raté déjà tant de réveils et de couchers : je réalise à quel point, de compromis en compromissions, on fait trop souvent passer le travail avant la famille

Pardon pour mes colères intempestives, fugaces mais trop brutales : je vois que, même pour vous, je peine à me débarrasser de ce défaut de toujours

Pardon de ne pas toujours vous comprendre, de ne pas me mettre à votre hauteur : je constate que la hauteur de vue que vous avez parfois est inaccessible aux adultes que nous sommes

Pardon d’avoir enfoui mes rêves et mon regard d’enfant : je comprends que c’est ce qui me manque, souvent, pour voir la vie aussi belle que vous la voyez

 

Devenir père, c’est faire le constat qu’on a des failles, et trop essayer de lutter contre elles, plutôt que de vivre avec.

Devenir père, c’est ressentir une joie immense d’avoir donnée la vie et la peur indicible de la perdre un jour.

Devenir père, c’est expérimenter pour la première fois une tension entre ses aspirations égoistes et son désir de transmettre et partager, quitte à s’oublier.

Devenir père, c’est réaliser qu’on doit toujours apprendre, qu’il n’y a pas de zone de confort, et qu’éduquer un enfant, c’est aussi s’éduquer soi même.

 

Alors je compte sur vous

 

Je compte sur vos rires pour me rappeler que nous, adultes, nous prenons trop au sérieux

Je compte sur vos larmes pour me ramener à l’essentiel

Je compte sur vos sourires pour m’encourager sur mon chemin d’apprentissage

Je compte sur vos colères pour me pousser à progresser

Je compte sur vos interrogations pour continuer à questionner le monde

Je compte sur vos souvenirs pour me faire vivre avec vous, même quand je ne serai plus là

 

Votre papa qui vous aime.