En bon petit fils de gendarme, j’ai été élevé avec un cap, que dis-je un cap, une péninsule : on ne négocie pas avec les terroristes !
Et je dois admettre que 2 événements de ma vie m’ont amené à mettre de l’eau dans mon vin à ce sujet : ma découverte du monde du travail et l’arrivée des enfants dans la famille.
Dans le cas du monde professionnel, tu te rends compte que si tu appliques ce principe à à la lettre, eh bien tu te retrouves vite marginalisé. Tu te mets donc à activer le mode “compromis intellectuel” dans ton cerveau, en comptant sur tes ressources profondes pour supporter au mieux cette dissonance cognitive.
Heureusement, il y a la maison. Ce refuge salutaire où…
Quoi ? On m’aurait menti ?
C’est vrai que depuis l’arrivée des enfants , et particulièrement depuis que l’aînée est en âge de comprendre et s’exprimer très convenablement (pour nous 3 ans environ), mon mantra “on ne négocie pas etc etc” est mis à rude épreuve.
Prenons un exemple concret : cette nuit par exemple. 5h du matin. La grande pleure et appelle sa mère. Toi, aussi vif que Windows qui sort de veille que possible à cette heure matinale (faut dire : ca arrive toujours quand tu fais un excès le soir même, genre inviter des potes et te coucher à minuit. Mode loi de Murphy activée). Tu fonces dans l’escalier, en marchant sur les duplo que tu avais justement posé là pour ne pas marcher dessus dans le salon et penser à les monter (note pour la prochaine fois : ne pas remettre à plus tard ce que tu peux faire tout de suite). Et tu entres dans la chambre pour tenter de te recoucher au plus vite faire en sorte que ta fille adorée retrouve un sommeil paisible.
Le problème, c’est que toi, t’es conditionné par ta pratique de la négociation. Donc t’attaques en mode “ négociation Gign”. Acte 1 : relâche un otage et on pourra discuter silence, tout de suite, tu vas réveiller ton frère.
Échec.
Acte 2, 10 minutes plus tard, après avoir tant bien que mal rendormi le petit frère : “bon, qu’est-ce qui se passe ?”
Et cette porte ouverte à la discussion te fait passer par tous les stades de l’arc-en-ciel émotionnel :
- La compassion : “alors qu’est-ce qui t’arrive ? tu as fait un cauchemar ? lequel ? celui du renard qui réussit à rentrer dans la maison en mangeant la porte ? Oh, ma pauvre”
- La gentillesse : “écoute, prends ma main, mets toi en position de dodo, je reste avec toi jusqu’à ce que tu t’endormes”
- Le compromis (la compromission ?) : “bon, OK, je m’allonge avec toi, mais 5 minutes, après je vais me recoucher aussi”
- La tension : “maintenant, il faut vraiment dormir, tu vas être fatigué et moi aussi. Donc je redescends, tu dors, et pas de bruit pour ton frère”
- La colère avec menace : “maintenant, tu dors, je compte jusqu’à 3, sinon, pas de dessert demain, pas de cadeau pour tes 20 prochains Noel, et la pension dès tes 6 ans. Et merde, j’ai crié trop fort, j’ai réveillé le petit”
Bon, et inutile de dire qu’à partir de là, soit ça part vraiment en quenouille, soit tu recommence le cycle de l’arc-en-ciel.
Acte final (comment l’histoire s’est vraiment terminée) : après l’avoir rendormie, elle a re-pleuré, je suis re-monté, j’ai re-commencé le même sketch, jusqu’à lui proposer de se poser sur le canapé pendant que je prenais mon petit déjeuner et en attendant le réveil de maman. Ce qui a clairement pacifié la situation et permis une bonne transition (au moins jusqu’à mon départ au boulot).
Ma conclusion de cet épisode dont je ne suis pas vraiment fier :
- Il faut clairement changer de point de vue sur ce genre de situation : j’étais parti dans l’idée de “négocier” avec ma puce son rendormissement. Mais il n’y a en fait pas “négociation possible” dans le sens où l’enfant n’est pas dans un processus où il veut obtenir quelque chos de moi. Il n’a pas de stratégie, d’objectif. Il ne cherche pas à gagner quelque chose par rapport à moi. Il a un souci et m’appelle. Tout simplement. Le simple fait de comprendre ce point m’aurait permis de voir que le mode “négociation” était de toute façon voué à l’échec
- La tentative “d’imposer” mon point de vue a encore moins bien fonctionné : cela n’a fait qu’exacerber la tension ! Sachant qu’un de mes buts était de ne pas réveiller le petit frère, on peut dire que ça a été un échec total
- Enfin, la tentative désespérée de “transiger” en proposant de rester dormir avec elle quelques minutes le temps qu’elle se rendorme a également été un four, puisqu’il était couru d’avance qu’au moment où j’allais partir, le sketch allait recommencer.
Si c’était à refaire, j’aurais activé mon mode “papa bienveillant” pour écouter le pourquoi, et je n’aurais certainement pas lutté aussi longtemps avant de proposer une solution acceptable (celle du canapé pendant mon petit déjeuner). Je pense que nous y aurions tous gagnés.
Et vous, qu’auriez vous fait ? Que faites vous face aux demandes de vos enfants ?
Laisser un commentaire