Quand on devient papa pour la première fois, on a beau s’être préparé psychologiquement pendant des mois, voire des années, le constat est sans appel: si l’on prend conscience que l’on devient papa, il faut du temps avant de se sentir papa. Moi-même, cela fait maintenant (à l’heure de l’écriture de cet article) plus de cinq mois que j’ai eu le bonheur de devenir papa de bébé E, et si je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour être un bon papa, se sentir papa n’est pas toujours évident 7 jours sur 7 et 24h/24.
Mais qu’est-ce que j’entends par se sentir papa? Et d’abord se sent-on un jour complètement papa? Oui, je l’admets, ceci est un peu subjectif, même complètement, étant donné qu’il s’agit d’un ressenti. Se sentir papa, c’est un peu comme se sentir de l’autre côté de la barrière, un peu comme notre propre papa. C’est savoir rentrer dans ce rôle de manière tout à fait naturelle, sans avoir à se rappeler que je suis papa maintenant et qu’il faut que j’agisse différemment de ce que j’aurais fait dans ma vie pré-papa. En gros, xbox ou bain du bébé? Et bien celui qui se sent papa choisit sans hésiter.
Plus sérieusement, se sentir papa, c’est une vraie question de confiance. Et comme toute forme de ressenti, c’est loin d’être quelque chose de linéaire et progressif. Ça va ça vient en fonction des moments, des expériences, des actions, de l’humeur (que ce soit de soi-même, de sa femme ou du bébé) etc. Et à force de persévérance, cela devient de plus en plus prégnant, voire une seconde nature.
Or je voudrais vous parler d’un de ces moments de jeune papa vraiment cool pendant lequel j’ai justement le plaisir de me sentir vraiment papa, sans avoir à me convaincre, à me forcer, ou à demander à ma femme de confirmer si j’en ai l’air. Ce moment, c’est notre balade dans les bois du weekend.
Ma femme et moi avions créé ce rituel de la balade dans les bois bien avant la naissance de bébé E. C’était déjà un moment privilégié passé en couple où rien ne compte d’autre que de vivre l’instant présent en compagnie de l’autre (bref un moment où on se sent vraiment époux), et pendant lequel on met de côté ses soucis et autres tracas. Et en ce qui concerne la balade dans les bois, la naissance de bébé E ne nous a pas vraiment découragés, bien au contraire – dès que possible, nous l’avons joint à nos balades, en espérant qu’à sa manière il y prenne autant de plaisir que nous.
Or, à peine un mois après la naissance de bébé E, j’ai moi-même ressenti un bien fou à effectuer ces balades en famille, une sensation de bien-être que je n’avais même pas anticipée. En fait, elles m’ont donné une de mes premières opportunités d’endosser mon rôle de papa. Et je dis bien endosser ce rôle, bien au-delà de seulement le jouer. Vous savez, nous les hommes, on rêve toujours d’être un peu des héros, or là j’étais plus que ravi de prendre les choses en main en prenant moi-même bébé E dans le porte bébé pour cette marche de plusieurs kilomètres. Et par là je fais d’une pierre deux coups : je me donne une opportunité de cultiver ma proximité avec bébé E (même si il pionce la plupart du temps), et je délivre un peu sa maman, qui elle peut profiter de cet instant de liberté. Ce dernier point est d’autant plus important que, peu de temps après l’accouchement, en portant bébé, je protégeais aussi sa maman d’un effort qui aurait été malvenu alors que les séquelles de l’accouchement se faisaient encore un peu sentir.
Bref pendant la balade, je suis un peu l’homme providentiel, celui grâce à qui aussi bien bébé que maman peuvent profiter de la balade. En plus le plus naturellement du monde, tout en discutant, mes mains attrapent les pieds de bébé E et lui donnent quelques caresses presque inconscientes, du moins tout à fait naturelles.
Et bébé E. parlons-en. Il est bien, bercé par le balancement régulier de la marche. Il dort la plupart du temps, mais pas tout le temps. Parfois, il ouvre les yeux et se laisse emporter par le spectacle du bois qui défile devant ses yeux, émerveillé par cet enchaînement d’arbres, de feuilles, de haies mais aussi de gens qui passent, de chiens ou autres oiseaux. Toutes cette activité cérébrale liée à ces découvertes le rend calme, trop occupé à scruter tous ces objets qui lui étaient jusqu’alors encore inconnus. Et tout ça, c’est un peu grâce à papa…
Ce sont des choses simples là me direz-vous, mais cette simplicité n’est certainement pas étrangère à cette sensation de bien-être qu’il y a à promener son bébé dans les bois. Elle contraste même avec le zèle qui est la signature des jeunes parents pendant les tous premiers mois de leur premier enfant: un peu gauches, toujours à s’assurer qu’ils font les choses bien, toujours à vérifier que bébé va bien, est confortable, n’a pas froid, toujours à se demander s’il n’y a pas autre chose à faire, si c’est comme ça qui faut faire… Pendant cette balade dans les bois, je suis juste un papa qui promène son bébé, et il n’y a rien d’autre qui compte.
Et c’est cool.
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